Difficile de ne pas penser aux forces armées lorsque l’on évoque les drones. Pour autant, ces objets volants non habités, également appelés UAV (Unmanned Aerial Vehicle), n’ont pas pour seule utilité de permettre le survol des zones de conflit tout en préservant la vie des pilotes. Dans le civil, de plus en plus d’entreprises les adoptent pour optimiser la production agricole, pour surveiller des installations difficiles d’accès ou encore pour réaliser des prises de vue à couper le souffle. Présentation de ces outils pas comme les autres.
Les drones de type avion offrent un rayon d’action qui peut dépasser 100 km, permettent de voler pendant plus de 6 heures et ont une capacité d’emport de charge pouvant aller au-delà de 7 kilos. Les drones multirotors ont une autonomie beaucoup plus réduite (entre 20 minutes et 1 heure) et ne peuvent embarquer que des objets légers (moins de 5 kilos). En revanche, grâce à leurs rotors (jusqu’à 8 par engin), ils sont très stables et capables de voler en position stationnaire. Concernant leur prise en main, ils peuvent être pilotés à vue ou hors vue, via une caméra embarquée. Certains drones sont également conçus pour fonctionner en « autopilote » grâce à une batterie de capteurs assurant leur stabilisation et leur maintien sur une trajectoire préprogrammée.
Aujourd’hui, les drones sont souvent utilisés pour réaliser des prises de vue pour le cinéma, la télévision ou les productions vidéo. Car contrairement aux hélicoptères, ils peuvent voler très bas et dans des espaces réduits sans présenter de grands dangers. Des capacités expliquant qu’ils soient de plus en plus présents dans la surveillance d’installations industrielles ou d’infrastructures étendues ou difficiles d’accès. La SNCF, par exemple, s’est déjà lancée dans une phase d’expérimentation de drones destinés à inspecter l’état de ses ponts (recherche de microfissures) et à détecter les vols de câbles de cuivre, dont elle est trop souvent victime. Dans le monde agricole, les UAV ont également trouvé leur place. Capables de voler à quelques dizaines de mètres du sol en suivant des trajectoires précises, certains avions sans pilotes sont utilisés pour quadriller des exploitations agricoles (photos HD et infrarouges). Ainsi, grâce aux informations recueillies, les exploitants peuvent identifier les zones manquant d’eau, d’azote ou encore les parcelles malades. Différents projets de livraison de petits colis par des drones sont également à l’étude, notamment chez Amazon, la Deutsche Post ou encore Google. À signaler enfin : l’adoption d’un drone « ambulance » autopiloté capable de transporter un défibrillateur dans un rayon de 12 kilomètres en moins d’une minute au chevet d’une victime d’un arrêt cardiaque (localisée via le GPS du smartphone de l’appelant) est actuellement envisagée par les services de secours néerlandais.
Même s’ils en ont l’air, les UAV ne sont pas des jouets. Leur utilisation est donc strictement encadrée depuis 2012*. Selon cette législation, les drones sont classés en sept catégories (de A à G) en fonction de leur finalité (loisirs, prise de vue aérienne, autre travail aérien), de leur poids et de leur mode de propulsion. De l’appartenance à ces catégories dépendent le nombre et le type de dispositifs de sécurité devant équiper l’UAV (baromètre, limiteur d’altitude, parachute, airbag, dispositif permettant de forcer un atterrissage…). Par ailleurs, le texte classe les vols en quatre scénarii (S1 à S4) qui tiennent compte du mode de pilotage (à vue, hors vue), de la distance du drone par rapport à son télépilote, de l’altitude atteinte par l’UAV lors du vol et de la nature de la zone survolée (zone peuplée, proximité de personnes ou d’animaux…). Compte tenu du type de scénario envisagé, la demande d’autorisation de vol devra être déposée à la préfecture ou directement auprès de la direction générale de l’Aviation civile (DGAC). Le scénario de vol a également une incidence sur la formation exigée du télépilote qui, dans certains cas, devra seulement être titulaire de la partie théorique d’une licence de pilote et dans d’autres cas, être titulaire d’une licence complète (avion, hélicoptère ou planeur) et totaliser au moins 100 heures de vol. Enfin, quels que soient le drone ou le scénario, l’exploitant est tenu d’effectuer un certain nombre de démarches administratives (dépôt d’un manuel d’activités particulières – MAP –, d’une déclaration de conformité, d’un manuel de maintenance, d’une déclaration de prise de vue aérienne…).
Cet environnement technique et juridique complexe pousse nombre d’entreprises à ne pas acheter mais à choisir une offre de services incluant la location du drone, l’intervention d’un pilote et, le cas échéant, le traitement des données recueillies. Une prestation complète généralement proposée à partir de 1 500 € la journée. Les entreprises qui néanmoins, opteraient pour l’achat d’un drone professionnel devraient dépenser de 1 000 € à plus de 100 000 € en fonction du modèle et de ses performances.
* Arrêté du 11 avril 2012 relatif à l’utilisation de l’espace aérien par les aéronefs qui circulent sans personne à bord.
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